Faciliter le dialogue science-médias : la contribution stratégique d’ASCA (African Science Communication Agency) 

Faciliter le dialogue science-médias : la contribution stratégique d’ASCA (African Science Communication Agency) 

La deuxième journée de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques francophones s’est ouverte par une session plénière, le mercredi 11 juin 2025, au sein du Parc national du Banco d’Abidjan. Placée sous le thème « Journalistes, communicants et chercheurs : quelles pistes de collaboration ? », cette rencontre a permis d’aborder de front les défis, malentendus et opportunités qui jalonnent les relations entre ces trois mondes.

Magali Reinert, journaliste scientifique française, a mis en lumière l’un des obstacles récurrents dans la collaborations avec des chercheurs : 

« Il n’est pas rare qu’un chercheur accepte une interview, mais demande ensuite à relire ses citations avant publication. Ce qui, dans notre pratique journalistique, pose problème. Nous travaillons avec des délais serrés et des contraintes éditoriales qui ne nous permettent pas toujours d’attendre des validations. De plus, certains chercheurs sont parfois inaccessibles, ce qui complique davantage la mission de transmission. »

Magali Reinert, journaliste scientifique française

Prenant la parole à sa suite, le professeur Mathurin Koffi, épidémiologiste de renom et président du Réseau sciences et santé unique en Côte d’Ivoire (RESSUCI), a reconnu le rôle central que peuvent jouer les journalistes dans la vulgarisation scientifique.

« Les journalistes représentent un pouvoir qui n’est pas méconnu. Ils sont capables de véhiculer des informations à une vitesse remarquable, touchant un très large public. Ce qui est bénéfique pour nous, chercheurs. »Toutefois, il a exprimé une réserve importante : « Bien souvent, dans la retranscription de nos travaux, nos propos sont déformés, jusqu’à en altérer le sens. C’est la principale crainte que nous avons, et qui nous rend réticents. »

professeur Mathurin Koffi, épidémiologiste de renom et président du Réseau sciences et santé unique en Côte d’Ivoire (RESSUCI)

Face à cette méfiance, Dr Annick Coulibaly, vice-présidente du RESSUCI et enseignante-chercheure à l’université Jean Lorougnon Guédé, a invité les chercheurs à faire leur part d’effort pour rendre la collaboration plus fluide.

 « Dans ce genre de situation, pour éviter tout amalgame, nous, chercheurs, devons apprendre à simplifier les informations que nous transmettons, afin de faciliter la compréhension du journaliste. Il faudra aussi songer à créer un cadre formel ou informel pour permettre des échanges plus fluides. » Une manière de dire que la clarté du message est aussi une responsabilité scientifique.

Dr Annick Coulibaly, vice-présidente du RESSUCI et enseignante-chercheure à l’université Jean Lorougnon Guédé

Emmanuel Dabo, gérant de African Science Communication Agency (ASCA) structure qui a activement contribué à l’organisation de cette conférence a repositionné le rôle stratégique des communicants.

 « Nous, communicateurs, jouons le rôle de balance entre chercheurs et journalistes. Dans bien des cas, il est difficile pour les journalistes d’accéder directement aux chercheurs. Or, nous accompagnons ces chercheurs et communiquons sur leurs activités. » Il a conclu son intervention par un appel clair : « La communication coûte cher, mais c’est un investissement stratégique. Il faut que les chercheurs la priorisent et y investissent sérieusement s’ils souhaitent réellement vulgariser leurs travaux auprès du grand public. ASCA, accompagne les chercheurs à intégrer le budget communication dans leur projet de recherche, à les structurer et mettre en œuvre des stratégies de communication efficace et efficiente.  »

Emmanuel Dabo, gérant de African Science Communication Agency (ASCA)

Au-delà des contraintes propres à chaque métier, c’est la construction d’un langage commun et d’espaces de dialogue qui permettra, à terme, de servir au mieux l’information scientifique au service des citoyens.