La méningite est une maladie grave. C’est une inflammation des méninges (fines membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière).En 2021, selon le Meningitis Progress Tracker, la méningite a causé environ 214 000 décès tous âges confondus. Les enfants de moins de cinq ans représentaient 43 % de ces décès, plaçant ainsi la méningite au cinquième rang des causes infectieuses de mortalité infantile.
Des scientifiques ont cherché à examiner le lien entre la méningite et l’environnement. Il a été observé que les températures élevées (>39.5°C) et la forte concentration de poussières dans l’air sont aussi des facteurs de risque significatifs dans l’augmentation du nombre de cas lors d’épidémies de méningite.
Les travaux de Jean-Marc Collart et Jean François Jusot publié dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology (Ici) présentent ce rapport entre la méningite et les variations climatiques en Afrique Sub-saharienne. Cette situation conduit à penser que le changement climatique pourrait influencer la fréquence et la distribution géographique des épidémies de la maladie.
« Le changement climatique agit sur l’évolution de la méningite en Afrique de l’Ouest, plus spécifiquement en Côte d’Ivoire. Ces 20 dernières années, un nombre de cas élevé de méningite est de plus en plus observé au centre et au sud de la Côte d’Ivoire alors que d’ordinaire, les cas sont plus récurrents dans la partie nord du pays. Cela pourrait être dû à une évolution des paramètres climatiques, rendant ces régions plus favorables à la transmission de la méningite. »
explique Axelle Tano,chercheure associée au Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) dans son mémoire de master sur le thème : « Apport des données satellitaires à la modélisation spatio-temporelle de l’épidémiologie de la méningite en Afrique de l’Ouest dans un contexte de changement climatique : Cas de la Côte d’Ivoire. »
La modification de la distribution géographique de la méningite en raison du dérèglement climatique est confirmée par Molly Cliff dans son étude intitulée « Réexamen de la ceinture de la méningite : associations entre facteurs environnementaux et risque épidémique de méningite en Afrique »
« la saisonnalité et la variabilité climatique ont une influence clé sur la distribution spatiotemporelle de la méningite bactérienne. Au cours de la saison sèche de décembre à avril, initialement dominée par les vents d’Harmattan et l’augmentation de la concentration de poussière, l’incidence de la maladie peut atteindre 800 cas pour 100 000 personnes. »
Ce faisant, l’actuelle ceinture africaine de la méningite comprenant 26 pays pourrait s’étendre à d’autres pays si rien est fait. « L’expansion proposée de la ceinture de méningite en ligne avec cela, vers le Togo, la République centrafricaine, le Cameroun et la Côte d’Ivoire était cohérente avec les changements environnementaux régionaux. Les modifications de l’utilisation des terres, combinées à des facteurs climatiques, ont potentiellement conduit à une réduction de l’humidité combinée à une augmentation de la poussière, favorisant les conditions épidémiques. »
La modélisation comme une aide cruciale dans la lutte
La modélisation épidémiologique est aujourd’hui un outil stratégique dans la lutte contre les maladies. En simplifiant la réalité, elle permet de simuler différents scénarios et d’anticiper les risques. En effet, La modélisation est un processus qui consiste à créer une représentation simplifiée d’un phénomène réel à l’aide de formules mathématiques, de données et de simulations. Elle permet de comprendre, d’analyser et surtout de prédire le comportement de ce phénomène dans différentes situations. Par exemple, pour le cas de la méningite, on peut modéliser l’évolution de la maladie en tenant compte de facteurs comme le climat, la densité de population ou la couverture vaccinale. Elle devient ainsi un levier stratégique pour prévenir les épidémies de méningite et protéger les populations les plus exposées.
« La modélisation permet de comprendre la dynamique de la maladie et son lien avec les paramètres climatiques. Elle peut aussi être utile pour la prédiction de la présence de la maladie ou du risque de transmission », souligne Axelle.