Le programme panafricain de recherches scientifiques et de renforcement de capacités sur l’approche « une seule santé » dénommé Afrique One-ASPIRE a tenu sa réunion de clôture du 23 au 25 juin 2022 à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire. A l’ouverture officielle de cette rencontre scientifique, Prof Inza Koné, Directeur du Centre Suisse de Recherches Scientifiques, institution hôte du programme, a exprimé sa fierté d’avoir hébergé Afrique One–ASPIRE. « En tant qu’institution, nous sommes fiers d’avoir abrité un tel projet panafricain important ».
Lancé en 2016 dans le but de renforcer les capacités des chercheurs et praticiens Africains sur l’approche « une seule santé » afin de mieux adresser les maladies qui se transmettent des animaux aux hommes (zoonoses), Afrique One-ASPIRE a formé plus de 72 chercheurs de niveaux master, doctorat et postdoctoral appartenant à différentes disciplines (épidémiologie, sciences sociales, biologie, sciences vétérinaires, etc.) sur l’utilisation de l’approche une seule santé dans les recherches visant le contrôle et l’élimination de maladies telles que la rage, la brucellose, la tuberculose, les infections mycobactériennes et les maladies nutritionnelles.
« L’approche une seule santé est l’intégration des connaissances académiques ou non, émanant des disciplines, des secteurs et des communautés qui ajoute de la valeur au plan sociétal (santé publique, santé animale et santé environnementale). Grâce à cette approche, il nous a été possible d’accéder à des connaissances qui n’auraient pas pu être découvertes si les chercheurs travaillaient en silo, sans la collaboration d’autres secteurs (santé humaine, animale et environnementale) et des communautés locales », Professeur Bassirou Bonfoh, directeur d’Afrique One-ASPIRE.
Les chercheurs réunis à l’occasion ont présenté les connaissances et les avancées obtenues grâce à l’opérationnalisation de l’approche « une seule santé ». Ce sont entre autres le développement d’un outil peu coûteux de conservation du vaccin antirabique à température ambiante rendant possible les campagnes de vaccination sans l’électricité dans les zones difficiles d’accès. On note également, l’identification d’un nouvel outil de diagnostic de la tuberculose, les connaissances sur la distribution interspécifique de la brucellose et les moyens de diagnostics, l’établissement de liens entre les maladies infectieuses et les maladies non-transmissibles (diabète, hypertension) à travers la nutrition et le potentiel des types d’aliments dans la gestion des maladies tropicales négligées (ex : plaies chroniques).
« Cette expérience partagée durant ces années en bénéficiant d’une bourse pour implémenter mon projet de recherche m’a permis de développer mon projet de carrière. Au cours de ce programme, nous avons pu notamment bénéficier d’un ensemble de supports tant dans la rédaction des documents scientifiques, la conduite de recherche mais en termes d’encadrement. En plus du financement, Afrique One – ASPIRE nous a également permis d’étendre notre réseau, d’échanger avec des chercheurs d’autres horizons et de partager leur expérience, d’acquérir un peu plus d’expériences pour pouvoir implémenter différents programmes qui puissent porter sur différentes thématiques. Le programme nous aussi permis de mener nos activités dans la transdisciplinarité, à travers l’approche « une seule santé », par des échanges avec d’autres boursiers de différentes disciplines telles que la sociologie et la médecine », Wilfried Oyétola, Boursier d’Afrique One – ASPIRE depuis 2017.
Une visite au pavillon de traitement de l’ulcère de Burili à l’hôpital de Taabo dans l’après-midi du 24 juin 2022 a permis de présenter un cas pratique de mise en application de l’approche « une seule santé » dans la recherche pour le contrôle de l’ulcère de Buruli, une maladie qui entraine des plaies sur des grandes surfaces de la peau. A Taabo, le groupe de chercheurs comprend des sociologues, des médecins, des économistes et des spécialistes de la nutrition. La collaboration avec les communautés et les autorités a permis de connaitre et de déconstruire les croyances liées à la maladie, de stimuler le recours précoce des malades vers l’hôpital et d’identifier des aliments capables de réduire la durée de cicatrisation des plaies.
« Selon l’OMS, plus de 75% des épidémies et pandémies qui ont touché les humains au cours de la dernière décennie provenaient d’animaux ou de produits d’origine animales. Il s’est révélé que les actions de lutte contre ces maladies ont montré des limites lorsqu’elles considéraient uniquement le volet médical. C’est en cela que l’approche une seule santé est prometteuse avec sa dynamique de transdisciplinarité et de collaboration avec les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale. Nous sommes satisfaits du travail réalisé par Afrique One-ASPIRE notamment la capacité à faire travailler ensemble et sur les mêmes maladies et thématiques de recherches, des chercheurs de plusieurs disciplines et régions d’Afrique » a affirmé Prof Brian Perry, Président du conseil scientifique d’Afrique One-ASPIRE.
Les travaux de recherches réalisés dans le cadre du programme Afrique One-ASPIRE ont été rendu possible grâce au financement d’un consortium de bailleurs de fonds administrés par Science for Africa Foundation (SFA).
« Nous sommes heureux du travail réalisé par les chercheurs d’Afrique One-ASPIRE. Cela montre que les chercheurs Africains sont capables de réaliser des prouesses lorsqu’il y a des investissements dans la recherche et ce, dans un environnement propice à la gestion des fonds et à la pratique de la science », Alphonsus Neba, Directeur adjoint des programmes à Science for Africa Foundation.
Prochaines étapes
« Bien que la valeur de l’approche « Une Seule Santé » soit mondialement reconnue, l’approche doit encore être mise en pratique à différentes échelles et au-delà de l’interface homme-animal, pour améliorer la santé, les moyens de subsistance et le bien-être des populations. Les prochaines étapes en cours de préparation mettront l’accent sur le renforcement des capacités des leaders africains dans l’action collective. », soutient Prof. Bassirou Bonfoh.
Pour poursuivre les actions entamées, on note la création d’un réseau d’alumni d’Afrique One de près de 200 acteurs, une plus forte collaboration avec les médias et les décideurs pour une meilleure appropriation des résultats de recherche obtenus.
A propos d’Afrique One-ASPIRE
Afrique One-ASPIRE est un programme panafricain de recherches scientifiques et de renforcement de capacités sur l’approche « une seule santé ». Il est supporté par un consortium de bailleurs comprenant le Science for Africa Foundation et le Wellcome Trust. A travers l’approche « une seule santé », Afrique One-ASPIRE a engagé un travail de collaboration transdisciplinaire entre les différents acteurs de la santé humaine, animale et environnementale, les décideurs politiques, la société civile avec une production de près de 214 articles scientifiques, une dizaine de notes de politiques et une formation de près 12.000 praticiens sur l’approche « une seule santé ». Le partenariat global a permis aux chercheurs africains de contribuer aux progrès importants dans la compréhension de la transmission, du contrôle et des zoonoses.