La communication scientifique est importante pour la réplication à grande échelle

La communication scientifique est importante pour la réplication à grande échelle

Dr Diagaunet Dodié, vous êtes médecin et chef d’entreprise. Comment passe-t-on de la faculté de médecine à l’entrepreneuriat ?

Je ne sais pas comment répondre à cette question. La médecine, c’est ma vocation. La santé publique, c’est ma passion. Aujourd’hui, l’entrepreneuriat me permet de concilier les deux vu que mon entreprise fait du conseil en santé (Healthcare consulting), c’est à dire que nous aidons des entités du système de santé à améliorer la prise en charge des populations. Nous travaillons avec ces entités afin que le système de santé réponde aux besoins des populations.

Étant chef d’entreprise, quels sont vos rapports avec le monde de la recherche scientifique ? 

Je suis encré dans le monde de la recherche scientifique, surtout en santé publique. Je me vois plus comme un scientifique qu’un entrepreneur. Ce que nous faisons à Innovative Healthcare Solutions, c’est de collecter des données à travers des études pour améliorer le système de santé. 

Dans vos rapports avec le monde de la recherche scientifique, intégrez-vous la communication scientifique (valorisation des résultats de recherche) dans vos activités ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ?

Il faut avouer que je suis maintenant dans l’opérationnel. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me consacrer à la recherche scientifique vu que j’essayais d’adresser une grosse problématique de santé qui est celle de la disponibilité des produits sanguins. Cependant, je suis conscient que la communication scientifique est importante pour la réplication à grande échelle de ce que nous faisons. J’ai en projet de traduire ce que nous faisons dans des articles scientifiques avec l’aide d’un ami professeur en médecine.

Découvrez le Bulletin de Santé Publique de Côte d’Ivoire

Vous êtes beaucoup fasciné par les questions liées à l’innovation en soins de santé. Que revêt cette expression « innovation en soins de santé » ? Comment le citoyen lambda doit-il la comprendre et comment le décideur peut-il l’intégrer dans la conception des politiques de santé ?

Nous avons la chance de vivre dans une ère où nous sommes témoins de la révolution technologique. Il y a de l’innovation partout autour de nous, dans tous les secteurs. Ceci doit également prendre forme dans la santé, surtout en Afrique où les ressources financières sont rares. On peut se servir de la technologie, de l’innovation pour former du personnel de santé à moindre coût, pour améliorer l’accès aux soins sans avoir besoin de construire des hôpitaux partout, pour améliorer les résultats des soins de santé de sorte à réduire les dépenses de santé. Il faut dire que les potentialités sont insondables.

Existe-t-il une expérience d’innovation en soins de santé qui vous rend fier ? Si oui, laquelle ?

Oui bien sûr! Aujourd’hui, avec la télé médecine, on peut faire le suivi d’un patient depuis son village sans qu’il n’ait besoin de retourner en ville tout le temps pour quelque qui ne nécessite même pas un déplacement. La télé médecine a joué un rôle crucial pendant l’épidémie de la Covid, elle a permis de désengorger les hôpitaux. Toutes les personnes qui n’avaient pas la forme grave de la maladie étaient suivi à distance à travers la télé médecine. 

Le numérique est un secteur en pleine croissance en Côte d’Ivoire. Pensez-vous qu’il peut apporter des solutions efficaces aux problématiques de santé en Côte d’Ivoire ?

C’est une évidence. Partout dans le monde, le numérique est en train de bouleverser nos habitudes. Le secteur de la santé n’est pas en marge. En Côte d’Ivoire, de nombreux acteurs de la santé numérique comme moi travaillent sur des solutions qui vont permettre d’améliorer les soins de santé à travers une meilleure accessibilité. 

Vous avez reçu le prix 2023 de l’innovation en santé publique de la Harvard T.H. Chan School of Public Health. Certainement, vous en êtes fier. Mais comment arrive-t-on à une pareille distinction quand on est africain et surtout qu’on vient de la Côte d’Ivoire ?

Je suis bien entendu fier de cette distinction. Il n’y a pas de parcours linéaire pour arriver à ce genre de consécration car quand on se bat pour une cause, pour moi la lutte contre la pénurie de sang, ce n’est pas la recherche d’un prix qui nous guide. On est guidé par une passion, celle d’améliorer la vie des membres de sa communauté. 

Pour arriver à ce niveau, il faut travailler avec acharnement, il faut oser, il ne faut pas se mettre de limite, il faut avoir de la résilience pour surmonter les épreuves. Ce qui avant tout nous permet de tenir, c’est notre passion. Si vous n’êtes pas passionné par ce que vous faites, vous courez le risque de décrocher à la moindre difficulté. 

Pour arriver à Harvard, il faut croire qu’on en a les aptitudes et postuler. Si on ne postule pas, on a zéro chance d’être sélectionné. Il faut bien entendu avoir un dossier solide pour prétendre avoir une chance.

Découvrez une innovation en santé en cliquant ici